—— et comme ça, on part voyager.
ou peut être qu’on voyage pour partir ?
peu importe, on prend la route, on part.
jusqu’à ce que le demi tour s’impose à nous.
trop vite.
s’en suit un tout autre périple.
à l’arrêt. deux mois.
puis, de nouveau le départ.
ce coup-ci pas pour aller très loin,
juste pour aller,
c’est déjà beaucoup.

débute alors ce voyage que nous pensons faire à deux.
évidemment à deux,
pouvait-on prévoir l’arrivée de ce troisième passager ?
sourire compatissant aux lèvres, les rescapés conjugaux diront que oui.
et pourtant, nous le voyons à peine venir.
c’est qu’il s’installe petit à petit.
à nous qui avions pris la peine de ne pas trop nous encombrer,
il s’impose, chargé de tes valises, chargé de mes valises.

il prend désormais plus de place que toi,
plus de place que moi.

et tandis que les choses ne se font plus qu’à travers lui,
pour moi, elles ne se font plus qu’à travers toi.
avec toi, ou sans toi.
j’envisage, je fais, je vais avec toi. ou je vais seule.
je suis avec toi. ou je suis seule.

tu deviens l’unique fenêtre de cette maison
qu’on s’invente sur la route.
un sourire de toi et je m’y sens chez moi
ton regard noir et je suis perdue sous ce toit.

tant de moments d’appartenance et d’errance,
d’enracinement et de dépaysement…
n’est-ce pas justement ce que nous étions venus chercher ?
ne sommes-nous pas simplement en train de vivre notre plus grand voyage ?

 
 

et de tous ces paysages,
si je ne devais en retenir qu’un,


je crois bien que ce serait celui-ci.

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